GONZALES Solo Piano @ NITSA . BCN . DEC 04
J'en ai marre de faire tous les mois le "meilleur concert de l'année" mais OK, cette fois, c'est la bonne.

On arrive avec Marisol un poil avant, à l'Apolo qui, pour ceux qui ne connaissent pas, est le club le plus class de barcelone. Ancien théâtre, avec balcon, lustres, la totale moulée de rouge bordeau. On m'avait dit que pour ce concert Gonzales exigeait que les gens soient assis ... je m'imaginais des sièges à la con, alignés ... J'arrive et la piste est organisée de petites tables carrées, nappe blanche, trois chaises ... une vingtaine, pas plus ... on s'assoit, non sans avoir commandé par avance deux martinis car le bar fermait durant "la prestation de l'artiste" dixit l'ouvreur.

GOGOL
Les lumières s'effacent, projecteur timide sur la scène où trône un piano droit. Au dessus de la scène, un écran panoramique où un peu plus d'un mètre de clavier s'étalera sur 8. Gonzales arrive dans un pull col V d'où dépasse une chemise vert pomme, bas de jogging (ou pantalon mou) et pantoufles. Se pose sur le tabouret et entame Gogol. Je me rappelle plus s'il a dit "bonsoir" ou pas.

Autre morceau de solo piano puis "Chilly in F major" de l'album "Presidential suite". On peux le regarder jouer mais à cet instant, ce n'est pas la chose la plus fascinante. Je regarde juste ses mains qui se balade sur l'écran. Je souris comme un con, mais personne ne me voit vu que la salle est plongée dans le noir. les mains vont à droite, à gauche, s'exitent "fortissimo" ... Break ... "pianissimo" ... puis s'arrètent. On comprend pas mais 2 seconde plus tard on remarque une énorme bague sur sa main gauche. Les 2 mains deviennent alors deux personnes distinctes, la droite pour la mélodie ... Chilly ... la seconde en support, alors je m'imagine tantôt Peaches dans les freestyles, tantôt Feist dans les soutients, deux mains qui se bagarrent et qui se cherchent, complémentaires quoi ...

BREAK N°1 : PARISTROCRATE
Gonzales s'arrète et prend le micro pour une première histoire. Raconte qu'à son arrivée sur Paris, il s'amusait à porter cette bague (une bague énooorme de vieille, super rococco) pour se sentir plus "aristocrate". L'air de Paris. Mais que ce genre d'accéssoire se devait d'être porté avec un truc qui casse comme cette paire de pantoufle, par exemple ... Puis il joue le morceau "Paristocrate" ...

Je ne me rappelle plus comment s'est déroulé le concert, mais il a mixé des morceaux de "solo piano" avec des thèmes anciens comme "shameless eyes" "Take me to broadway". Je devine que pour un réel amateur de piano, Gonzales, n'est rien de moins qu'un sous-Satie mais pour des gars comme moi qui pogottent sur The Faint, c'est une assez belle entrée en matière ... Gonzales poursuit ainsi son concert ... prend de l'aisance d'une foule qui hurle presque à chaque fin de morceau ... se la joue cabot ... porte la grimace et impose ses mains comme uniques performeurs épileptiques du show.

BREAK N°2 : CHILLY IN F MINOR
Petit cour de piano, il nous explique qu'au solfège on ne lui apprenait que les accords majeurs mais qu'avec le temps, il a compris que seuls les accords mineurs étaient les plus interessants. Pour appuyer sa thèse, il commence à nous jouer des airs à la con à la sauce mineur ... "joyeux anniversaire" ... D'autres thèmes connus sans noms ... Puis le morceau "Chilly in F minor" de l'album "Uber Alles" ... C'est drôle mais à ses débuts on lisait pas mal dans la presse qu'il avait un background de musicien classique avec je ne sais combien d'année de piano derrière lui ... et j'avais pensé "OK, moi aussi j'ai fait 6 ans de solfège, je jouais très bien de la flûte à bec mais que je ne mettais pas ça sur mon CV" ... Ce soir, il me laisse raide mort.

Le concert se poursuit je fume cloppe sur cloppe, le regardant, fasciné. Je me dis que ce gars est génial et moi qui m'étais toujours refusé de dire que j'étais fan de qui que ce soit ... ce soir, s'il devait en avoir un, ce serait de lui. J'y pense que maintenant, mais c'est l'un des seul artiste dont je possède tous les disques, les aimant tous, même "The entertainist", son album rap hardcore. Je l'avait découvert à mon premier benicassim (avec Peaches) et j'avais acheté le disque direct à mon retour (déçu un poil, parce que moins hardcore que le live ... La Peaches Touch, je suppose)

Le concert se termine.

RAPPEL N°1
Le premier rappel est toujours un faux rappel puisqu'il est toujours prévu ... mais on hurle quand même, par tradition ... je ne sais d'ailleurs plus si je vais raconter le premier ou le second rappel ... on s'en fout ... Pour ce rappel, Gonzales se la joue Blind Test, nous dit qu'il va interpréter des titres connus, tout en nous demandant d'une moue boudeuse faussement snob "si vous trouvez le morceau, veuillez applaudire mais poliement, s'il vous plait"

Imagination "Give me the night", un morceau disco eighties genre "I'm so excited", "Queen "another one bite the dust" puis Lionel Richie, le morceau qui fait "Hello, is it me you looking for?" ... c'est mignon, durant tout le concert il n'a pas chanté un seul morceau mais son seul écart fut pour cette chanson où il s'est permis le dernier "I love you", soufflé, regardant la salle.

RAPPEL N°2
Ce second rappel n'a peut être pas été donné à tout le monde, je ne sais pas ... Je me demande jusqu'à quelle mesure un concert est préparé puis joué à l'infini ... Paris, Londres, Berlin, tous pareil? ... Je me dis que Barcelone est une ville spéciale pour les artistes, le public est plus démonstratif et chaleureux ... Il a d'ailleurs été ému qu'un gars hurle "Olé Gonzales" en disant que chaque artiste qui passe par l'espagne attend toujours ce "OLÉ" et que pour un juif canadien vivant à Berlin s'appelant Gonzales, ça représentait beaucoup. Il nous joue alors un Medley des Bee Gees ... "Staying alive", "How deep is your love" ... D'autres titres ... Puis il part et cette fois, la salle s'allume.

RAPPEL N°3
OK, cette fois, vous, gens d'ailleurs, vous ne l'aurez pas. La salle s'éteind une nouvelle fois après une ovation longue et appuyée ... Chilly arrive mais nous dit qu'il n'a plus de morceaux à jouer, nous propose à la place une leçon particulière de piano. Là, personne ne comprend ... Il regarde la salle et nous demande qui veut prendre un cour particulier ... silence ... un gars se décide finalement et monte sur la scène, timide. Il s'appelle Félix. Le publique applaudit. Gonzales l'invite à s'assoire et s'installent tout deux au piano. Lui dit de ne jouer simplement qu'avec les touches blanches mais qu'à son signal "GO!" il doit passer sur les noires. Félix commence, joue n'importe quoi, Gonzales en soutient ... ça ne sonnait surement pas juste, ce n'était surement pas interessant mais la salle hurle et applaudit, moi aussi, et très très fort.

Deux minutes pas plus, Félix termine le concert d'une note sur-aigüe. La salle rit et Gonzales le remercie chaleureusement, lui offrant sa bague en lui disant que ce piano est aussi, à partir d'aujourd'hui, le sien.